Chantal Letellier est une « femme admirable ». Elle est avocate. Elle gagne toujours. Dans son métier c’est un cador, mais dans sa vie privée c’est une chèvre. Divorcée sympathiquement, elle est flanquée de deux ados « très bien mal élevés ». Côté amour c’est le désert : pas le temps. Comme il faut bien que le corps exulte, elle se paie un « tu t’es vu quand t’as bu » avec un client. L’homme tombe éperdument amoureux et s’incruste. Pour s’en débarrasser elle entreprend des TRAVAUX pour rendre sa maison impraticable.
« Si je comprends bien, pour virer un gros, tu t’en es mis six sur le dos » lui fait remarquer son ex-mari goguenard.
Pour couronner le tout, elle engage un jeune architecte colombien sans papiers, qu’elle vient de faire régulariser. Éperdu de reconnaissance, et profitant de l’occasion pour faire son book, celui-ci va lui refaire sa maison en entier : elle n’en demandait pas tant ! Il engage une équipe de son cru pas vraiment spécialisée : « Ils sont tous polyvalents ! »
Sauf qu’un « espécialiste de la géométrie fractale » ne fait pas forcément un bon électricien, et qu’un styliste de prêt-à-porter n’a pas les notions de plomberie requises !!!
Le plafond lui tombe sur la tête. « C’est jouste le début » dit l’architecte. Elle prend pour six mois de chaos ferme : dégât des eaux, incendie, etc. Les ouvriers font ce qu’ils peuvent ! Six mois pendant lesquels des liens se tissent : sa fille Pulchérie devient première en espagnol en dansant la salsa avec le jeune apprenti qui n’a jamais manié une truelle…
Mais il est si joli ! Son fils Martin a des petits cours de maths à domicile.
De son côté, Chantal apprend à vivre. Elle réalise qu’entre la théorie et la pratique il y a un ravin, qu’une manif de soutien d’une heure n’a rien à voir avec des sans-papiers à demeure, que « pour faire le bien il faut être malin », que les hommes restent des hommes et que la pudeur n’est pas négociable.
Au début elle fait des tartines de confiture, très vite elle passe au pâté.
C’est l’histoire d’un échange.